Réussir une succession en Algérie : étapes clés et partage équitable

Par Sonia Chouchane • Publié le 6 février 2025 • Temps de lecture estimé : 8 minutes

Perdre un proche est une épreuve difficile qui s’accompagne souvent de la responsabilité de gérer son héritage. En Algérie, le droit successoral suit des règles ancestrales issues du droit islamique, conçues pour garantir un partage juste et respectueux des liens familiaux.

Cet article vous accompagne pas à pas pour comprendre le processus de succession, prévenir les conflits familiaux et honorer la mémoire du défunt avec sérénité.

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Qu’est-ce que la succession en Algérie ?

La succession est le cadre légal permettant de transmettre le patrimoine d’une personne décédée à ses héritiers. En Algérie, elle est régie par le droit islamique, aussi appelé « Fiqh ». Ces règles définissent avec précision comment répartir l’héritage en fonction des liens de parenté avec le défunt.

Mais concrètement, comment cela fonctionne-t-il ? Pour le comprendre, penchons-nous sur un document incontournable : la Frédha.

La Frédha : un document central

La Frédha (ou fara’id en arabe) est l’acte de succession officiel qui organise la distribution de l’héritage. Établie par un notaire dans la commune de résidence du défunt, elle liste précisément les héritiers et leurs parts légales. Elle simplifie le partage, évitant ainsi des tensions inutiles.

Ce n’est pas un titre de propriété, mais un cadre légal pour sécuriser les droits de chacun.

Quelles sont les étapes clés du processus de succession en Algérie?

Bien que la succession puisse sembler complexe, elle s’organise en plusieurs étapes claires et accessibles :

1. S’acquitter des obligations du défunt

Avant toute répartition des biens, il est impératif de régler les obligations liées au défunt :

  • Frais de funérailles et d’inhumation : Ils doivent être pris en charge en priorité.
  • Remboursement des dettes : Toute créance du défunt doit être soldée avant de procéder à la répartition de l’héritage.
  • Respect des dernières volontés : Si un testament existe, il doit être honoré dans la limite légale d’un tiers des biens.

💡 À savoir : En Algérie, le testament ne peut porter que sur un tiers des biens, conformément aux règles du droit islamique.

2. Établir la Frédha

Pour obtenir la Frédha, vous devrez fournir :

3. Obtenir l’attestation notariée

Une fois la Frédha établie, une attestation notariée est nécessaire pour transférer légalement les biens immobiliers aux héritiers. Cette attestation doit être enregistrée à la conservation foncière pour être valide.

4. Répartir les biens entre les héritiers

Après le règlement des dettes et l’obtention de la Frédha, les biens (immobilier, épargne, etc.) sont partagés. La répartition dépend du lien de parenté avec le défunt. Par exemple : Les fils reçoivent une part double de celle des filles.

5. Gérer les comptes bancaires

Pour les comptes bancaires du défunt, les héritiers ont deux solutions :

  • Partage direct : Un héritier désigné, muni d’une procuration signée par les autres, peut répartir les fonds.
  • Intervention de la banque : La banque répartit elle-même les sommes selon les parts indiquées dans la Frédha.

💡 Bon à savoir : Privilégier une entente entre héritiers permet d’accélérer la procédure et d’éviter des complications administratives.

Qui peut hériter en Algérie et comment les biens sont-ils partagés ?

Voici un aperçu des héritiers et des règles de répartition selon le Code de la famille algérien (Art. 144 à 156) :

Héritiers réservataires

Catégorie d’héritierPart successoraleConditionsExemples
Filles / Époux1/2Fille unique / Mari sans descendant.Fille unique du défunt.
Épouses1/8 ou 1/41/8 si le défunt a des enfants ; 1/4 s’il n’en a pas.Épouse(s) avec enfants du défunt.
Parents1/6Si le défunt a des descendants.Père avec enfants du défunt.
Frères/Sœurs2/3 ou 1/62/3 pour deux sœurs ou plus (sans frères) ; 1/6 en concurrence avec ascendants.Sœurs germaines sans frères.
Mère1/3 ou 1/61/3 si pas de descendants ; 1/6 si descendants existent.Mère avec enfants du défunt.

Héritiers universels

Héritiers masculinsReste ou totalitéPriorité aux hommes (fils, père, frères, oncles paternels).Fils unique du défunt.
Femmes avec hommePartagé avec un hommeFille avec frère ; sœur avec frère.Fille et fils du défunt.
Sœurs avec fillesPartagé avec fillesSœurs germaines/consanguines avec filles (sans frères).Sœur germaine et fille du défunt.

Y a-t-il des taxes ou des frais associés à une succession en Algérie ?

En Algérie, les héritiers doivent s’acquitter de droits de mutation par décès (taxes de succession), dont le taux varie selon la catégorie d’héritiers :

  • 5 % pour la plupart des héritiers.
  • 3 % pour les ascendants (parents, grands-parents), les descendants (enfants, petits-enfants) et le conjoint survivant.

Des exonérations sont prévues pour alléger la charge fiscale :

  • Les héritiers en ligne directe (enfants, parents) et le conjoint survivant sont exonérés de taxes sur l’habitation principale du défunt et certains fonds d’épargne réglementés.

Une réduction de 10 % par enfant à charge (mineur ou étudiant) est également applicable sous conditions, afin de soutenir les familles dans des situations spécifiques.

En Algérie, la succession suit des étapes claires pour garantir un partage juste et respectueux.
En Algérie, la succession suit des étapes claires pour garantir un partage juste et respectueux.

Biens en France et Algérie : Comment éviter la double imposition ? 

Si la succession inclut des biens à l’étranger, comme entre la France et l’Algérie, la convention fiscale franco-algérienne évite la double imposition. Voici comment cela fonctionne :

  • Biens immobiliers : ils sont imposés dans le pays où ils se trouvent. Par exemple, une maison en France sera soumise à la fiscalité française, tandis qu’un appartement en Algérie sera soumis aux lois fiscales algériennes.
  • Autres biens (comptes bancaires, investissements) : ils sont généralement imposés dans le pays de résidence du défunt.

Quelles différences entre la succession en Algérie et en France ?

AspectFranceAlgérie
Base légaleLe Code civilLe droit islamique (Fiqh) et le Code de la famille
TestamentLa « quotité disponible » permet de léguer librement une partie du patrimoineLimité à un tiers des biens
PartageEnfants et conjoint héritent à parts égalesLa Frédha fixe des parts variables (ex. : un fils hérite du double d’une fille)

Que faire en cas de litiges ou de réclamations lors d’une succession en Algérie ?

Les conflits de succession en Algérie peuvent surgir pour des raisons familiales, des interprétations de la loi ou des contestations d’héritiers. Voici les solutions pour les résoudre efficacement :

1. Médiation : une solution à l’amiable

La médiation est idéale pour apaiser les tensions et éviter les démarches judiciaires longues et coûteuses.

  • Rôle du médiateur : Un notaire ou un professionnel neutre facilite les discussions pour trouver un accord.
  • Exemple pratique : En cas de désaccord sur l’attribution d’un bien (ex. une maison), le médiateur peut proposer des solutions comme une vente partagée ou une indemnisation.

💡 Avantage : La médiation est rapide, économique et préserve les relations familiales.

2. Action judiciaire : dernier recours

Si aucun accord n’est possible, le recours à la justice devient nécessaire.

  • Tribunal compétent : Celui du dernier domicile du défunt.
  • Déroulement :
    • Partage amiable : Le juge peut encourager un accord entre les parties.
    • Partage judiciaire : Si le conflit persiste, la répartition est imposée selon le droit islamique et le Code de la famille.
  • Accompagnement recommandé : Un avocat spécialisé en succession et un notaire pour défendre vos droits.

Héritez en paix, entre tradition et clarté

La succession en Algérie, bien qu’encadrée par des règles complexes, peut être gérée sereinement en suivant les étapes adaptées. Prenez le temps de comprendre chaque étape pour honorer vos obligations tout en préservant l’harmonie familiale.

FAQs : Questions Fréquemment Posées

Comment obtenir la Frédha ?

  • Fournir le certificat de décès.
  • Rassembler les actes de naissance des héritiers.
  • Contacter un notaire local.

Combien de temps pour toucher l’argent d’une succession en Algérie?

Le délai varie selon la complexité de la succession. Généralement, il faut entre 3 mois et 1 an pour accéder aux liquidités.

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Sonia Chouchane
Sonia Chouchane
Rédactrice tunisienne trilingue, passionnée par les mots, je crée des contenus captivants en français, anglais et arabe. Convaincue que l’accès à des informations claires favorise une société plus juste, je collabore avec demarchesmaroc.com, demarches.tn et demarchesdz.com pour simplifier les démarches administratives en Afrique du Nord.

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